mercredi 3 octobre 2007

Article Le Matin ( Assad sort ses griffes )




Anis Hajjan ( Le Matin Numéro 9613 )

Elle sort ses griffes
Après cinq ans d’absence, le couple Assad-Saâdallah revient avec une pièce, la première, écrite par Khadija Assad. Une expérience nouvelle dans une carrière de plus de vingt ans, et un enthousiasme tous azimuts. Première de la pièce ce soir et entretien ci-dessous.



S’agit-il vraiment ici de passer aux choses sérieuses ? Ces deux-là ont beau avoir l’air tranquille, gentil et timide, c’est d’un sacré revers de main qu’ils viennent tout balayer, nos doutes et nos priori.


Leurs contemporains et leurs concurrents.

Costa ya Watan*, arrogance ou réalisme? Faux débat puisque vraie pièce en cinq actes ( lire page 5 ). Pour magnifier un titre- manifeste. L’événement? C’est la première *vraie* pièce écrite par Khadija Assad. ( Le challenge était de traiter de choses dramatiques avec une bonne dose d’humour. Prenez par exemple le monologue de fin : les uns pourront avoir le souffle coupé, les autres un rire effréné).


Deux mondes qui se télescopent.
C’est avec un certain ( bas les masques ) que Khadija Assad a approché le sujet. A travers El Ghalia, personnage central, ce sont deux mondes qui se télescopent. * El Ghalia évoque les multiples problèmes dont souffre la campagne. Cela dit, il était impossible de ne pas traiter de la ville et de ses contradictions. Car si les souffrances sont différentes, à un moment donné elles se touchent. Pour mieux résumer ma démarche, je dirais que c’est à travers des voyages dans

plusieurs patelins que j’ai constitué ma pièce. Ce que j’évoque, ce sont des choses vécues. Il ya des choses incroyables qui se passent à la campagne. Mon devoir était de les traiter).


Un premier travail dont je suis fière.
L’idée de * Costa Ya Watan* remonte à plus de deux ans et la dernière partie, a été écrite en début de semaine. * J’écrivais au fur et à mesure. Je ne me suis pas retirée comme font d’autres pour écrire d’un seul coup. Bien entendu, il y avait à chaque fois des choses à rajouter ou à retrancher. C’est comme ça que j’ai construit ce premier travail dont je suis très fière *. Et cela se voit à ses yeux. Elle en parle avec amour, flamboyance et incandescence. Ses vannes saisissantes et tourbillonnantes, tantôt lancées à Aziz Saadallah, tantôt à qui voulait l’entendre, sont des supports parfaits pour entretenir un humour acerbe, celui qui a fait du couple des * raconteurs * du quotidien. ( Mon mari, mon partenaire dans la vie et sur les planches, s’est occupé de la mise en scène. Sans oublier le fait d’avoir beaucoup échanger nos idées ). Et il n’y avait qu’eux pour pondre une pièce pareille après cinq ans de silence.


Huit pièces depuis la création du théâtre 80.
( Depuis la création du théâtre 80, il y a 17 ans, nous n’avons produit que 8 longues pièces. On ne peut donc pas parler d’absence, c’est notre cadence habituel ). Autre spécificité du couple : ils n’ont jamais fonctionné en terme de tournées. Une fois la pièce prête, ils la présentent au coup par coup. ( Pour le mois de mai par exemple, nous allons nous produire entre Casablanca et Rabat, deux a trois fois par semaine. Plus tard, nous ferons la même chose pour les autres villes). Quant à la durée de vie de la pièce, elle sera en fonction du succès qu’elle enregistrera.


Un couple qui fait bande à part.


A les classer, à leur coller un mouvement ou un style précis, on commettra une erreur. Ces deux-là font bande à part. Une pièce, une seule pour prouver qu’ils appartiennent au dernier carré. Une pièce, une seule pour que Khadija Assad prouve qu’elle a son mot à dire comme auteur. ( Ma première participation dans l’écriture remonte à 1975, avec le feuilleton * Elle et lui * Mais j’ai participé dans bien d’autres pièces. Aujourd’hui, je contente du bébé ). * Vieille* de plus de vingt ans de carrière, Khadija Assad déboule ici comme une pluie diluvienne, avec des préoccupations qui se chevauchent et s’entrecroisent, base implacable pour ces deux comédiens aériens surgis de partout et de nulle part. C’est à nous maintenant de définir leur univers.

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