mardi 16 octobre 2007

LE RETOUR DU COUPLE ÉTERNEL


LE RETOUR DU COUPLE ÉTERNEL

TELQUEL ( Du 21 septembre 2007 N 289 ) Par :Meriem Saadi.

Installés au Canada depuis fin 2003, Aziz Saâdallah et Khadija Assad ont décidé de rentrer au bercail pour y tenter un nouveau come-back. Retour sur le parcours atypique du plus célèbre couple de la télévision marocaine.“Lorsque j’ai envoyé le scénario à Aziz et Khadija, j’espérais vraiment qu’ils seraient emballés par le projet. Je les voulais absolument dans mon film, parce qu’ils sont tous les deux très professionnels, et toujours aussi capables de prendre des risques”, confie la réalisatrice Zakia Tahiri, sur le tournage de son nouveau long-métrage Number
One. Et des risques, il est certain que le couple le plus célèbre du PAM (paysage audiovisuel marocain) en a pris, tout au long de sa prolifique carrière. Tout d’abord en proposant à la télévision marocaine des années 80 des concepts osés, qui n’étaient pas sûrs de plaire au public, mais aussi en décidant, il y a quatre ans, de quitter le Maroc pour le Canada. La motivation de cet exil volontaire ? “L’envie de découvrir de nouveaux horizons et de vivre dans un pays où le produit culturel est réellement valorisé”, explique Khadija Assad. Mais dans l’entourage du couple, on murmure que ce départ à également un lien avec l’accident de circulation dans lequel a été impliqué Aziz Saâdallah en 2003, et qui l’aurait traumatisé au point de vouloir quitter le Maroc, du moins pour quelque temps. Aujourd’hui, le comédien semble avoir décidé de tourner cette page, pour tenter un retour sur les devants de la scène marocaine, via le grand écran. Sur le tournage de Number One, acteurs et techniciens ne tarissent pas d’éloges sur le duo. Khalid Maâdour, jeune acteur marocain vivant en France (remarqué dans Comme tout le monde, de Pierre-Paul Renders, aux côtés de Thierry Lhermitte), se dit impressionné par l’énergie et la modestie des Saâdallah : “C’est très enrichissant de travailler avec des acteurs qui ont une grande expérience de la télévision et du théâtre, et qui sont connus par les Marocains de tous âges et de tous pays”, encense-t-il. En effet, difficile de dénicher un Marocain qui ne connaisse Aziz Saâdallah et Khadija Assad, couple omniprésent sur les planches et sur le petit écran pendant plus de 20 ans. Duo de chocTout commence lorsque Aziz et Khadija font connaissance au Conservatoire d’art dramatique de Casablanca. C’est leur passion commune pour le théâtre qui les unit et les conduit à faire, ensemble, leur première apparition télévisuelle, en 1977, avec “Hia ou houa” (“Elle et lui”). Produite et réalisée par les deux artistes, cette série humoristique, en darija, rencontre un vif succès dès sa première diffusion. Le public est séduit par l’humour aussi actuel que décalé de Aziz et Khadija, qui récidivent dans les années 80 avec l’extraterrestre “TV3” et le plus consensuel (mais tout aussi efficace) “Caricature”. Les deux émissions, construites sur un pot-pourri de sketchs et de parodies, mettent en scène les travers de la société marocaine de manière hilarante. Tout en savourant son succès sur la petite lucarne, le couple n’en n’oublie pas pour autant son premier amour, le théâtre. En 1980, les deux compères fondent la troupe Théâtre 80, qui se lancera dans des tournées, plusieurs années durant, dans tout le royaume, mais aussi à l’étranger, allant à la rencontre du public marocain expatrié au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique du Nord. C’est Aziz Saâdallah, titulaire d’un diplôme de metteur en scène décroché à Paris, qui dirige les huit pièces - des comédies forcément - représentées par la troupe.Mais c’est en 2000 que la popularité du duo atteint son apogée, avec la diffusion de la désormais légendaire Lalla Fatéma sur 2M. La sitcom, produite par Ali’n Productions, de Nabil Ayouch, trustera les taux d’audience ramadaniens pendant trois saisons successives, permettant, au passage, au couple de gagner la reconnaissance d’une nouvelle génération de téléspectateurs, trop jeune pour avoir connu leurs faits d’armes passés.Devenue un véritable phénomène de société, la sitcom est d’ailleurs perpétuellement rediffusée sur la chaîne de Aïn Sebaâ… quatre ans après son arrêt !Entre le Canada et le Maroc“Parfois, dans les rues de Montréal, j’avais l’impression d’être sur le Boulevard Mohammed V de Casablanca”, plaisante Khadija, qui se faisait régulièrement héler par un “Lalla Fatéma” dans les artères canadiennes. Et pas seulement par des fans marocains, mais aussi algériens et tunisiens.
Explication : diffusée sur Al Maghribia, la sitcom figure aussi sur les grilles de quatre chaînes satellitaires arabes, toutes captées au Canada. Mais à quoi s’occupait le couple dans le pays du sirop d’érable ? “Nous avons fondé une société de production (baptisée Assadpro, ndlr), qui organise des spectacles d’artistes marocains pour la communauté installée ici”, explique Saâdallah. À l’actif de la société : des représentations de Amal Atrach, Ahmed Yarziz (qui campaient respectivement l’employée de maison et l’épicier dans Lalla Fatéma), ou encore des concerts de la chanteuse Naïma Samih. Aziz Saâdallah a été également contacté par la télévision québécoise pour faire partie du projet “Télé-diversité”, étude qui a pour but de “relooker” les émissions de la chaîne, de les rendre accessibles et intéressantes pour la majorité des citoyens canadiens de diverses origines. Une intégration réussie pour les Saâdallah ? “Tout à fait. Il n’est pas vraiment difficile de trouver sa place dans un pays où tous les citoyens viennent d’une culture différente”, affirme Khadija. De là à considérer le Canada comme un eldorado, il y a un pas que le duo ne franchit pas. Dans le téléfilm Le Toubib, réalisé par Aziz Jaïdi et diffusé le mois dernier sur 2M, Aziz Saâdallah et Khadija Assad relatent d’ailleurs certains des problèmes que peuvent rencontrer des Marocains dans ce pays d’adoption. Leur nouvelle vie d’immigrés constitue pour eux une réelle source d’inspiration, où ils entendent puiser de la matière pour leurs productions à venir. Ainsi, le nouveau spectacle de Khadija (déjà présenté au Québec), intitulé Nous chez nous, sera bientôt traduit en darija, avant d’entamer une tournée dans plusieurs villes du pays : “Après une seule représentation à Marrakech, en juillet dernier, j’ai compris que la langue française ne me permettrait d’atteindre qu’une infime partie du public”, lance-t-elle. Avec ce “one woman show”, Khadija projetterait-elle de se lancer dans une carrière solo ? Que nenni, puisque la mise en scène est assurée par son époux. “Nous avons commencé à travailler ensemble bien avant de nous marier. Nous avons pris l’habitude de nous entraider, de nous conseiller et de nous critiquer mutuellement”, lancent-ils presque à l’unisson. Décidément, le tandem Aziz et Khadija est réellement sur la même longueur d’onde. Et le tuner n’est toujours pas déréglé.

Number One. Quand macho devient féministe.
Dans le film Number One, de Zakia Tahiri, Saâdallah et Assad campent des personnages bien éloignés de leurs emplois habituels, tout en restant dans le registre de la comédie sociale. Aziz Saâdallah joue ainsi le rôle d’un macho endurci qui se transforme en féministe convaincu, après avoir été victime d’un sortilège ! C’est donc avec humour que Zakia Tahiri, également auteur du scénario, a choisi de s’intéresser à la situation de la femme au Maroc, à travers le parcours d’un homme qui va changer de comportement avec toutes les femmes de son entourage. Une métamorphose qui débouche sur des situations rocambolesques, notamment dans ses relations avec ses ouvrières ou sa secrétaire… jouée par Khadija Assad. “Quand j’ai su que Khadija était intéressée par un rôle dans le film, je lui ai tout simplement proposé de le choisir elle-même”, raconte la réalisatrice. Sortie prévue pour le printemps prochain.

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