mercredi 3 octobre 2007

Article ( Matin du sahara et du Maghreb- Costa ya watan)




Mohamed Soukri ( Matin du sahara et du Maghreb )




Le constat de la crise sociale.


Le Théâtre 80, après une assez longue interruption, renoue avec le style qu’elle a inaugurée avec * Saadak Ya Messaoud *, mêlant le comique à la critique social. Mais cette fois la troupe n’a pas eu recours à l’adaptation puisque * Costa ya Watan * est écrite par Khadija Assad.
Premières impressions après la couturière de cette pièce. Je dois remarquer d’abord que pour sa première expérience en tant que *dramaturge* Khadija Assad a plutôt bien réussi son coup. S’il semble que ce qui est privilégié c’est la dramaturgie c’est que la mise en scène de Saadallah Aziz est une enveloppe aussi adaptable que synchrone dans la plus pure tradition de la forme boulevardiènne. Ce jugement n’a a priori rien de péjoratif du moment qu’on peut distinguer le bon et le mauvais boulevard. Aussi on peut se demander qu’elle est la forme la plus adaptable ou la plus appropriée actuellement surtout si l’on veut transmettre un contenu et une dramaturgie parfaitement lisibles pour un public ciblé, avec en prime, une peinture naturaliste, connectée au réel et une critique social accrue.


Deux mondes de la campagne et de la ville.
La dramaturgie travaille à mon sens à deux niveaux assez bien articulés. – Le niveau de la construction dramatique : il y a deux actes, chacun comportant trois scènes. Cette construction est efficace puisqu’elle permet dans un premier temps de mettre le spectateur dans le cadre : les deux mondes de la campagne et de la ville. Cette peinture ne peut se faire sans trouver un élément dramatique ou une intrigue qu’on peut résumer à peu près comme suit : Al Ghalia quitte son douar pour la ville pour une affaire la concernant. Elle est chargée d’une petite commission de la part de Dounia qui lui demande de récupérer le salaire de sa fille qui travaille comme bonne chez un richissime douteux. Ce dernier la prenant pour la femme qui devait lui rendre sa terre lui remet une valise contenant la coquette somme de 20 millions de centimes. Mais qu’à cela ne tienne : le richissime parlementaire se refuse à payer comme il se doit la vraie propriétaire et continue à s’enrichir aux dépens de tout le monde. – Le niveau de la critique sociale associé à cette intrigue dramatique. Ce niveau est forcément mis en évidence et érigé en postulat de base du sens de la valeur de la pièce. Cette valeur n’est que le constat sévère par lequel Assad propose sa lecture de la réalité sociale et politique à la manière d’une enquête sociologique du terrain.
État des choses et état d’âme du pays rural.
D’abord il y a la peinture du milieu rural. Un de ces milieux qu’on rencontre souvent au Maroc si l’on prend l’occasion de sillonner certains douars ou villages retirés ou manque l’eau, l’électricité, l’école et le dispensaire ou l’hôpital, c’est-à-dire ou les gens sont livrés à eux mêmes. Il y a beaucoup d’information sur l’état des choses et l’état d’âme dans ce pays retiré. On en fait donc le constat. Le lien avec la ville est fait d’échos de l’interruption de l’électricité dans un hôpital et de ce voyage d’Al Ghalia, voyage qui permet la peinture d’un petit monde d’arrivistes et de manipulateurs : le parlementaire richissime, son acolyte et secrétaire et sa femme. Là le constat est plus sévère : la politique est incontestablement un moyen non seulement d’enrichissement aux dépens de l’État et des gens mais surtout un moyen de la manipulation. Le constat final c’est cette séparation, cet écart combien grandissant entre deux mondes opposés : celui des démunis surexploités et celui d’une minorité de parvenus grâce à politique et au mécanisme démocratique même qu’elle offre à savoir l’élection. L’opportunité de la pièce est donc évidente et alarmiste avant les prochaines élections. Cela permettrait peut-être de se poser la question sur l’élu qui cherche à satisfaire comme il se doit le bien public avant tout.

Magnifique prestation de Aicha Mah Mah.

La combinaison de ces deux niveaux est faite dans le genre le plus comique parce que l’argument de la pièce réussi dans la légèreté à déclencher le rire. Mais par son constat la pièce n’est pas réduite à la pure petite comédie ou le rire est appréhendé pour soi. Le cœur de l’intrigue, par ailleurs truffée de petits rebondissements est donc bien la crise d’une société. L’écriture de la pièce est simple sans être simpliste, mais d’une simplicité communicable au large public et restituée dans le dialecte le plus courant et le plus représentatif des différentes couches sociales. C’est d’ailleurs le public qui sera dans les jours qui suivent le seul juge de la qualité de cette pièce. Le décor est évidemment naturaliste et cherche à mettre le spectateur directement dans le milieu décrit bien qu’il faille le changer presque à chaque scène. Le jeu des acteurs est bien sûr prépondérant parce que les personnages parlent, discutent et c’est cette parole qui porte le texte et l’évolution dramatique. Le jeu expressif porte donc les acteurs à mieux soigner la diction et la présence. Si des acteurs comme Saadallah Aziz Assad Khadija et Salaheddine ont montré leurs preuves. Je dois relever le jeu époustouflant, à ma surprise de Aicha Mahmah sans oublier les autres acteurs.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Mr SAADALLAH ,d'abord félécitation pour le 'toubib' ,on aimerait bien vous voir dans d'autres travaux ,bon en attendant , je vous demande de poster dans votre blog vos télé-série qu'on ne diffuse plus à la télé aussi vos pièces theatrales (costa ya watan ...).

merci bien et Bonne continuation notre incroyable !!