mardi 2 octobre 2007

Nous Chez nous au Théâtre de la Bordée à Québéc




NOUS, CHEZ NOUS... c'est comme finalement chez-vous!

Manifestement, madame Assad avait songé à "Nous, chez nous" bien avant que le débat sur les accommodements raisonnables ne prenne l'ampleur qu'on lui connait. Et en ce sens, l'excellente pièce de cette artiste marocaine se veut on ne peut plus actuelle, et apporte un tout nouveau relief au débat. Parce que le propos de la pièce est d'une simplicité désarmante: tout est dans les nuances et dans la perception que nous nous faisons de l'autre. On y constate que, finalement, les débordements qu'on perçoit, les "catastrophes" dont nous sommes témoins, et surtout, la vie simple des gens ordinaires, tout cela tourne toujours autour des mêmes préoccupations quotidiennes, peu importe où on se trouve sur ce "petit globe", comme l'actrice le dit si bien. Et que ce qui aujourd’hui fait la manchette comme un événement sérieux n'est souvent qu’un accident de parcours anecdotique, tout au plus. En sortant de "Nous, chez nous", on n'a qu'une envie: mettre la pédale douce sur tout ça!

Ce qu’on réalise bien assis dans notre fauteuil, somme toute, c’est que ce qui nous est présenté comme un drame n’est souvent qu’un tout petit bobo. Et Khadija Assad a le tour de mettre le doigt sur ce bobo.

Quelle leçon d’humilité pour l'occidental à œillères qui sommeille en nous que de se faire rappeler d'entrée par la talentueuse comédienne que "les musulmans rient aussi, beaucoup, même"... Parce que finalement, bien qu’on ait tendance à l’oublier, nous n’avons pas le monopole de l’humour, n’est-ce pas? Et elle nous le prouve! Oh! Qu’elle nous le prouve… avec une telle habileté que souvent, on ne sait plus si on rit de ses blagues, de sa culture qu'elle caricature avec finesse, ou de nous-mêmes et de nos propres travers.

Elle nous rappelle que les musulmanes sont belles, très belles, même avec leur voile, et que nous, qui ne manquons pas de regarder passer tout ce qui porte jupon, nous n'osons même pas leur sourire et porter sur elles un regard flatteur lorsqu'on en croise une dans la rue. Notre quotidien, souligne-t-elle avec un clin d’œil, c’est le quotidien de tout le monde, peu importe la couleur, peu importe les croyances, peu importe l’origine. Et subtilement, presqu'à notre insu, on réalise que les fêtes d'enfants et le trafic automobile au centre-ville, c'est pareil partout!

Autant de constats qu'il est rafraichissant d'entendre, présentés sous une forme simple, pure, même, comme devrait l'être notre perception de nos nouveaux compatriotes, comme devrait l'être notre compréhension de l'autre.

Une pièce grand public, brûlante d'actualité, une œuvre pédagogique malgré elle, qui fait du bien et qui ramène les choses à leurs justes proportions À voir, et à revoir!
Daniel Paquet

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