mercredi 3 octobre 2007

Article du journal Le soleil ( Québec )



L’humour en partage
Jean St-Hilaire ( journal Le Soleil- 17 Avril 2007- Québec )



KHADIJA ASSAD DANS NOUS, CHEZ NOUS, À LA BORDÉE



L’actrice d’origine marocaine Khadija Assad exerce au théâtre, à la télé et au cinéma depuis 25 ans quand elle émigre au Québec avec son mari, Aziz Saadallah, acteur lui aussi, il y a trois ans. Coupée temporairement de son métier, elle a alors tout loisir d’observer sa société d’accueil, ses ressemblances et différences d’avec la marocaine. En douce, elle écrit sur le sujet un théâtre humoristique solo qu’elle présente samedi à 20 h, à la Bordée.Applaudi sur plusieurs scènes du grand Montréal et à Sherbrooke, Nous, chez nous est le premier théâtre fait et défendu en français par Mme Assad. Il s’entendait qu’elle le donne dans la langue commune. En ces temps de fritures autour des accommodements raisonnables, elle voulait que la rencontre se passe dans la bonne humeur et la décontraction, et que son propos ne se perde pas « comme l’eau dans le sable ».La tradition et la modernité s’affrontent sans s’exclure dans le solo de Khadija Assad. Il met en cause une jeune immigrante installée de longue date au Québec, bien intégrée, et une tante du pays natal en visite chez sa mère.
Personnage typique du Maroc traditionnel, la tante porte le hijab et « a une vue de l’environnement culturel québécois un peu comique et bizarre, mais c’est comme ça qu’elle voit les choses, explique la comédienne. Elle ne donne pas de leçons, quand elle parle d’elle, elle se rit d’elle-même. Elle raconte ses activités ici, ses catastrophes. Car elle est très maladroite. Il y a des choses qui n’arrivent qu’à elle et elle se sent un peu fausse note ».Un peu étrange, tout de même, le pays où les pompiers et la police emplissent la rue dès qu’une brave touriste rafraîchit ses quartiers à la fumée de bois de santal...L’auteure ne raille pas la visiteuse. « Elle ressemble à mes tantes, dit-elle. Elle est comme elles pleine d’humour, pas coincée ; elle ne correspond pas à l’image austère et triste qu’on se fait de la femme qui porte le foulard. Elle aime la courtoisie. Elle parle des hommes, du sexe. Comme mes tantes dans leur environnement, elle se moque de tout ».Mme Assad évolue sur une scène nue, avec une chaise pour tout mobilier. En première partie, elle est la tante, en seconde, sa nièce. Sa pièce est une étude en contrastes dans laquelle les deux femmes se rejoignent au-delà de ce qui les sépare. Jamais à court de mots, la tante conseille la nièce. Quoi, les hommes du cru se détournent pudiquement devant ta belle nouvelle robe ?... Là-dessus aussi, tantine a sa petite idée sur ce qui se passe ou pas dans la tête des hommes de cette société que sa nièce appelle désormais chez nous...Khadija Assad a créé en 1999 Constat sur la nation, une pièce comique qui a connu du rentissement au Maroc et à l’étrangerEntourée de neuf acteurs, elle l’a jouée en tournée dans tout le Maghreb, en Europe, aux États-Unis et ici même, au Québec.

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